Journée mondiale de la lutte contre la traite des humains : les syndicats au cœur des actions mondiales pour éradiquer ce fléau

La Convention n° 29 sur le travail forcé le définit comme « tout travail ou service exigé d'un individu sous la menace d'une peine quelconque et pour lequel ledit individu ne s'est pas offert de plein gré ». Ratifiée par 181 États, cette Convention est complétée par un tout un arsenal normatif visant à lutter et à éradiquer ce fléau. Il s’agit de la Convention sur l’abolition du travail forcé, 1957 (N°105), la Convention sur l’inspection du travail, 1947 (N°81), la Convention sur l’inspection du travail (agriculture), 1969 (N°129), la Convention sur les agences d’emploi privées, 1997 (N°181), la Convention sur les travailleurs migrants (révisée), 1949 (N°97) et la Convention sur les travailleurs migrants (dispositions complémentaires), 1975 (N°143).

La traite des personnes représente un crime grave et une violation flagrante des droits de l'homme. Chaque année, des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants sont capturés par des trafiquants, que ce soit dans leur propre pays ou à l'étranger. Ce fléau touche presque tous les pays du monde, que ce soit en tant que pays d'origine, de transit ou de destination des victimes.

L'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), en tant que gardien de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée (UNTOC) et des protocoles qui y sont associés, joue un rôle crucial en soutenant les États dans leurs efforts pour mettre en œuvre le Protocole visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes. Ce Protocole, également connu sous le nom de Protocole de Palerme, établit les bases pour une action internationale coordonnée afin de combattre la traite des personnes sous toutes ses formes.

La lutte contre la traite des personnes nécessite une approche intégrée et multilatérale, impliquant non seulement les gouvernements, mais aussi la société civile, les organisations internationales et le secteur privé. Ensemble, ces acteurs peuvent créer un réseau de protection et de soutien pour les victimes, tout en démantelant les réseaux criminels responsables de la traite des êtres humains.

Cette année, la campagne mondiale organisée à l'occasion de la Journée mondiale contre la traite des êtres humains met l'accent sur l'urgence d'intensifier les efforts pour éradiquer la traite des enfants. Les enfants constituent une proportion significative des victimes de la traite dans le monde, avec une incidence particulièrement élevée chez les filles. D'après le rapport mondial sur la traite des personnes de l'ONUDC, les enfants sont deux fois plus susceptibles que les adultes de subir des violences au cours de leur exploitation.

Les enfants sont soumis à diverses formes de traite, notamment l'exploitation par le travail forcé, la participation à des activités criminelles ou la mendicité forcée, la traite à des fins d'adoption illégale, l'enrôlement dans les forces armées, ainsi que la violence et l'exploitation en ligne et sexuelle.

Face à des crises multiples telles que les conflits armés, les pandémies, les difficultés économiques et les défis environnementaux, la vulnérabilité des enfants s'accentue. De plus, l'essor des plateformes en ligne ajoute des risques supplémentaires, car les enfants y accèdent souvent sans protections adéquates. Les trafiquants exploitent ces plateformes, ainsi que les réseaux sociaux et le « dark web », pour recruter et exploiter les enfants, utilisant la technologie pour échapper à la détection, atteindre un public plus large et diffuser des contenus abusifs. La campagne de cette année appelle à une action renforcée et coordonnée pour protéger les enfants contre ces formes d'exploitation. Cela inclut l'amélioration des mécanismes de détection et de prévention, l'augmentation des ressources pour soutenir les victimes et la mise en place de législations plus strictes pour punir les trafiquants. La sensibilisation du public et l'éducation des enfants sur les dangers en ligne sont également cruciales pour les protéger des prédateurs.

Les gouvernements, les syndicats, les organisations internationales, la société civile et le secteur privé doivent travailler ensemble pour créer un environnement sûr pour les enfants. Cela implique également de renforcer la coopération internationale pour traquer et démanteler les réseaux de trafiquants.

Le mouvement syndical, rempart majeur contre la traite

L'adoption de politiques migratoires excessivement restrictives à l'échelle mondiale, y compris dans le monde arabe, expose les travailleuses et travailleurs migrants à une vulnérabilité extrême. Ces politiques les forcent souvent à recourir à des emplois non déclarés, dépourvus de toute protection en matière de conditions de travail. Ce phénomène se propage progressivement à des secteurs économiques primaires comme l'agriculture et la construction.

Les femmes employées dans les services domestiques sont également identifiées parmi les catégories les plus à risque. Les syndicats, engagés dans la lutte pour le travail décent, œuvrent pour assurer la protection et l'émancipation de ces travailleuses et travailleurs face au travail forcé. En réalité, la majorité de ces personnes subissent non seulement le travail forcé, mais aussi le travail des enfants et diverses formes de discrimination. Elles sont en outre légalement privées du droit de s'organiser. Garantir la liberté d'association à tous les travailleurs, sans exception, fournit un outil efficace pour la protection et la défense de leurs intérêts. Cette liberté aide également les victimes de la traite des êtres humains à retrouver leur dignité.

Ainsi, la Confédération syndicale internationale (CSI) et la Confédération syndicale arabe (CSA) ont mis en place des programmes spécifiques en faveur des travailleurs migrants vivant dans des conditions précaires. Les deux organisations ont placé la défense du droit de ces travailleurs à s'organiser au cœur de l'agenda de l'alliance internationale pour la justice sociale, ainsi que la question du travail forcé et du travail des enfants, afin d'élargir la protection de ces groupes et de coordonner les efforts avec toutes les parties intéressées par ce sujet.

Il a été prouvé que les politiques migratoires adoptées manquent d'efficacité pour prévenir et combattre la traite des êtres humains, en particulier en l'absence de mécanismes de contrôle à toutes les étapes de la migration, depuis le pays d'origine jusqu'au pays de destination. C'est pourquoi la CSI a lancé un site web dédié au suivi du recrutement équitable des travailleurs migrants dans tous les pays du monde, un site qui utilise des enquêtes méthodologiques et suit les parcours des travailleuses domestiques à travers des contacts directs avec elles. La CSA veille à l'activation de ce mécanisme dans la région arabe, où elle a commencé à distribuer des questionnaires aux travailleuses domestiques en Tunisie et au Maroc, en attendant d'étendre cette initiative aux autres pays arabes.

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